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MARCO
Haute bêtise et bas instincts

Quelle est la mode cinématographique indienne actuelle ? Selon Nikhil Nagesh Bhat, réalisateur de Kill, les modes indiennes au cinéma vont extrêmement vite, produisant sur un court laps de temps beaucoup de propositions similaires, avant de se lasser et de passer à la mode suivante. Récemment, on peut citer des modes autour de la comédie horrifique (dont est issu l’intégralité du “Maddock Horror Comedy Universe”) ou autour du film extrêmement référencé (Good Bad Ugly ou Bazooka par exemple). Mais il y a une mode qui a su s’imposer bien plus que les autres, que ce soit par ses polémiques ou par ses succès au box-office indien: la mode des anti-héros sombres dans des thrillers d’action extrêmement violents, voire carrément gores pour certains. En tête de file de ce courant trône sans discussion l’abominable et terrible Animal (critiqué sur ce site), mais on a pu observer une vraie profusion de ce courant dans les salles obscures. Il y a eu la version action débridée (Kill), le film policier (Hit 3), la copie cheap (Fateh), le film de super-héros (Bagheera)... Tant de propositions chatouillant les bas-instincts du spectateur et le faisant avec plus ou moins de succès. Mais dans cette course à la quantité de peinture rouge sur les murs, il fallait bien un vrai pétage de câble, un film qui pousse la violence dans des retranchements si extrêmes qu’il pose de manière à peu près définitive une limite qu’il sera difficile de franchir. Et ce film, sorti en 2024, c’est Marco.

 

Il s’agit d’un thriller d’action malayalam (région du Sud) réalisé par Haneef Adeni et porté par l’acteur Unni Mukundan dans le rôle-titre. Annoncé en octobre 2023, il s’inscrit comme un spin-off autonome du film Mikhael (2019) du même réalisateur. Prolongeant l’univers criminel introduit dans le film précédent, Haneef Adeni ambitionne avec ce film de créer une “Mikhael Extended Universe”. Avec un budget d’environ 30 crores (à peu près 3 millions d’euros), le film est sorti dans un contexte mêlant attente et crainte, sa réputation sulfureuse autour de sa violence le précédant largement. En effet, dès sa promotion, Marco était présenté comme “le film le plus violent du cinéma malayalam” – et par extension du cinéma indien en général.

 

Passons rapidement sur l’intrigue, extrêmement classique (spoilers évidents) : Marco est le fils adoptif d’une famille mafieuse qui revient au pays après l’assassinat de son petit frère. Jurant de se venger, Marco va découvrir moults manipulations et traîtrises, tout en laissant derrière lui un nombre hallucinant de membres brisés, de corps découpés et de cadavres mutilés. Durant la première moitié du film, Haneef Adeni va exposer les différents éléments composant ce canevas de vengeance, tout en amorçant stylistiquement plusieurs images qui trouveront déjà leurs extrémités dès la deuxième moitié. Ainsi, durant sa première heure et quart, le film suit le cours classique d’un blockbuster indien de gangster, entre ses personnages icônisés à outrance, ses trafics d’or et ses manipulations à tout va. Mais déjà, on peut remarquer certains “détails” qui peuvent préfigurer l’hallucination qui va suivre: un personnage handicapé jeté dans une cuve d’acide dans les 20 premières minutes, option gros plan sur le cadavre, le personnage principal qui déchire la gueule d’un chien dans sa scène d’intro… Mais rien qui ne soit vraiment à la hauteur de ce qui va suivre. De même pour les quelques scènes d’action dans cette première moitié, qui permettent d’admirer les chorégraphies et l’implication physique de Unni Mukundan (qui est de loin un des éléments du film les plus convaincants, il habite pleinement le rôle), mais bien loin du carnage promis. Mais c’est lors de l’interlude que le déclic arrive, au cours d’une scène de confrontation entre Marco et des traîtres, évidemment. Après la mutilation à la tronçonneuse de son ami (oui), le protagoniste va massacrer une vingtaine de personnages à lui seul: couteau entre les dents, une hache dans chaque main, Marco devient une véritable machine de guerre à lui seul. Planter, trancher, arracher, découper… Les hommes de main qu’il affronte sont réduits à l’état de chair à canon, finissant tous morts ou mutilés par Marco, qui amorce à ce moment-là sa transformation en grizzly, qu’il achèvera d’ici la fin du métrage, omettant simplement les poils et les éructations. La séquence, véritable euphorie gore, illustre le parti-pris du réalisateur : ne rien épargner au spectateur, et faire de la violence un spectacle stylisé et outrancier, qui confine par instants au splatter. Citant explicitement Tarantino sur le fait que “la violence est quelque chose d’amusant à filmer”, Adeni accompagne cette pensée en s’amusant avec sa caméra et les situations qu’il va filmer: son personnage est ligoté ? Il tiendra le couteau avec ses dents. Il plante le couteau en question dans la bouche d’un de ses ennemis ? La caméra va suivre le mouvement vers la gorge de sa cible. Chaque sévice infligé par Marco est filmé plein cadre, annihilant la notion même de hors-champ. S’inscrivant pleinement dans un cadre de cinéma d’exploitation, Adeni assume ses envies de violence et fait de son film un exutoire bourrin et gore. Peu de temps après ce massacre, le récit va déployer sa séquence la plus impressionnante (mais loin d’être sa plus violente): la prise d’assaut d’un bâtiment par son protagoniste. Impossible de ne pas évoquer le monument The Raid lorsqu’un film confronte un seul personnage à d’innombrables opposants tout en montant les différents étages d’un bâtiment. Mais encore une fois, Marco s’en tient à son programme de base: défourailler, massacrer, défoncer autant d’hommes de main que possible, le tout avec une sauvagerie et une brutalité étourdissante. Exterminant chaque personne qui se dresse face à lui, jouant avec les crânes comme si c’était des balles antistress, éclatant plus de personnages que dans un Astérix, la séquence, filmée en un seul faux plan-séquence (assumé, le réalisateur ayant la bonne idée de savoir couper au bon moment pour ne pas sombrer dans une démonstration de style stérile, l’objectif est de filmer des personnages se faire massacrer, le reste passe après). Illustrée par la photographie de Chandru Selvaraj qui donne à la scène une ambiance quasiment horrifique, Marco partageant plus de points communs avec Jason Voorhees qu’avec un personnage de film d’action.

Il avait dit "ni de droite ni de gauche"

Après cette séquence, Marco va s’affairer à diverses choses: découper le bras d’un personnage pour l’envoyer à sa famille, construire un piège à la Saw… Et après avoir accumulé des montagnes de cadavres, noyant son spectateur sous des hectolitres d’hémoglobines, Haneef Adeni va aller encore plus loin et proposer la scène qui a attiré les foudres de la critique et du public, la faute à une violence extrême et une cruauté difficilement anticipable. ATTENTION SPOILERS.

Accompagné de son frère, un boucher psychopathe (pont direct fait avec Animal, tiens tiens…), l’un des derniers antagonistes lance un assaut sur le domicile de Marco, dans lequel réside sa famille. Si le début de ce qui ressemble au climax laisse espérer que, comme dans n’importe quel blockbuster, le héros va réussir in extremis à sauver tout le monde, tuant le méchant dans un dernier geste héroïque, il n’en est rien. Marco se fait capturer, et c’est le début d’un massacre d’une violence difficilement soutenable. Tous les membres de la famille vont être massacrés, et à l’image du reste du film, tout sera filmé plein cadre, sans aucune retenue ni suggestion. Crâne d’enfant écrasé, femme enceinte poignardée après lui avoir pris son bébé de force, jeune fille pendue, visages mutilés… Tout y passe jusqu'à atteindre des extrémités de cruauté et de choc hallucinantes. Marco assiste à ce massacre, impuissant. Rare sont les blockbusters qui osent aller aussi loin dans la noirceur (il est possiblement le seul à atteindre de telles extrémités), et le spectateur reste pantois après cette scène atroce. Véritable point de non-retour marqueur d’une escalade de la violence sans fin, il s’agit sans doute de l’élément qui illustre le mieux ce qu’est le film : véritable geste de sale gosse edgy, qui peut séduire un public amateur de fun débile dans sa bêtise et sa violence, et qui peut être blâmé exactement pour les mêmes raisons.

FIN SPOILERS

 

Après cette abomination, le film ne ralentit pas pour autant et lance enfin sa conclusion. Marco, en costume, lunettes noires sur le nez et clope au bec, se rend dans l’abattoir où sont reclus les derniers antagonistes et le bébé qu’ils ont pris en otage (oui oui…). La photographie opte pour des tons orangés, plongeant la conclusion dans un décor infernal, théâtre du dernier massacre de Marco. Encore une fois, rien ne peut arrêter cet animal, se livrant à un dernier carnage ininterrompu, se concluant sur une fusillade en règle dans laquelle il dérouille les ennemis restants à la sulfateuse. Dans un dernier geste d’une sauvagerie inédite, Marco éventre son ennemi et lui arrache le cœur à mains nues; avant de jeter le boucher dans l’acide, sauvant ainsi l’enfant.

 

Dès sa sortie en salles le 20 décembre 2024, Marco a suscité des réactions extrêmement polarisées. Sur le plan de la mise en scène, le film a impressionné par son ambition technique hors du commun dans le paysage mollywood. La presse spécialisée a salué la direction artistique et l’audace visuelle d’Adeni, relevant l’influence du cinéma d’action pan-indien récent (en particulier celle de Prashanth Neel, réalisateur de KGF et Salaar, on y retrouve cette énergie visuelle extrêmement chaotique mettant en avant un héros ultra violent et au virilisme sans limites) sur le style de Marco. La photographie de Chandru Selvaraj a été largement applaudie, notamment sur la façon dont les teintes extrêmement ternes et froides permettent d’accentuer l’austérité du film, renforçant l’aspect extrêmement froid du métrage. Le montage du film a également été salué, permettant d’équilibrer les deux moitiés et servant avec précision le travail effectué sur les scènes d’action, de même que la musique (composée par Ravi Basrur, déjà à l'œuvre sur Salaar).

 

Sur le plan commercial, Marco a connu un succès retentissant, venant concrétiser au box-office l’engouement suscité par sa promotion. Dès son jour de sortie, le film a engrangé environ 10,8 crores à travers le monde, dont 4,5 crores rien qu’en Inde du Sud, signant l’un des meilleurs démarrages de l’histoire pour un film malayalam. En trois jours, le cap des 30 crores de recettes mondiales était franchi (dont près de la moitié provenant du Kerala). Quelques semaines plus tard, le film a achevé sa course autour de 110 crores de recettes globales. Ce score remarquable fait de Marco l’un des plus grands succès de l’année 2024 pour Mollywood, et surtout le plus gros succès jamais enregistré pour un film malayalam classé A (adultes), détrônant le précédent record détenu par Kammatipaadam (2016). Par ailleurs, grâce à une stratégie de distribution multi-langues, Marco a rencontré un accueil notable hors du Kerala : la version doublée en hindi, sortie avec un léger décalage, a engrangé à elle seule plus de 5 crores en Inde du Nord, devenant ainsi le film malayalam doublé le plus lucratif sur ce marché, devant The Goat Life (2024) ou 2018 (2023).

3 images, 3 situations, toujours une clope

Cependant, ce succès populaire et financier s’est accompagné d’une forte controverse autour du contenu du film, plus précisément de sa violence extrême et de son influence supposée sur la société. Marco a fait l’objet d’une vigilance particulière de la censure indienne : classé A (Adults Only) par le Central Board of Film Certification pour son “extrême violence sanglante”, il est devenu le premier film d’action indien – et le cinquième film indien tous genres confondus – à recevoir la classification R21 à Singapour (interdiction aux moins de 21 ans), en raison là encore de son contenu gore. En Inde, alors que la censure cinématographique avait autorisé Marco en salles, elle a exercé un droit de veto inédit sur d’autres modes de diffusion : le CBFC a refusé d’accorder un certificat de diffusion télévisée pour le film, bloquant ainsi sa sortie prévue sur une chaîne satellite. Le directeur régional de la censure à Kochi, Nadeem Thufail, a même écrit à la présidente du CBFC national pour solliciter l’intervention du gouvernement central afin d’empêcher la diffusion de Marco sur les plateformes OTT (plateformes de streaming). A noter que le film est sorti dans une version déjà censurée de quelques plans gores (le rapport de censure est trouvable en ligne), et que les fans espéraient voir une version “uncut” sur les plateformes. Officiellement, la position du CBFC était que, même censuré A, un tel film n’était “pas adapté à un public familial” et qu’il convenait de prendre des mesures pour éviter que des mineurs y aient accès facilement. Il est important de rappeler que les services de streaming ne sont normalement pas soumis à la censure du CBFC en Inde, étant normalement autorégulés, mais Marco a déclenché une telle polémique que les autorités ont cherché à contourner ce cadre.

 

Les plaintes et débats autour de la violence du film ont été extrêmement nombreux et pourraient être listés pendant un long moment, mais il est important d’interroger autre chose: pourquoi ? Pourquoi ce film précisément ? Pourquoi de cette façon ? Car si la radicalité de Marco est évidemment représentée par sa valeur choc et son ultraviolence extrêmement frontale, la question subsidiaire est moins celle du “combien” de sang est montré mais celle du “comment et pourquoi”. Il serait possible d’évoquer des propositions comme celle de la franchise Terrifier, dont l’argument majeur est son gore et sa violence exacerbée, mais Marco se distingue de celle-ci par sa façon de prendre le spectateur en otage. Il n’est pas question de se contenter de déballer des images chocs, mais de les accompagner d’une cruauté parant ces images d’une charge émotionnelle “malhonnête”. Il est évident que voir un enfant se faire défoncer le crâne est une image abominable, mais est-ce nécessaire de le filmer pour ensuite justifier une narration finalement très banale dans ses articulations ? Le spectateur ne peut pas se distancer de cette violence comme dans un Terrifier qui, même s’il est extrêmement complaisant dans sa violence, marque une distance par son approche cartoon, transformant les scènes gores en grand guignol cruel mais déréalisé. Art le Clown a beau être brutal, il garde une attitude comique, sa sauvagerie est compensée par son approche clownesque (mauvais jeu de mots volontaire) et le film – qui s’inscrit pleinement dans l’héritage du splatter – se dote alors d’un héritage comique évident. Mais dans le cas de Marco, l’héritage du splatter ne se retrouve que dans la radicalité des scènes, dépeignant une violence crue et extrême, sans une once de recul sur ces images. Et sans la possibilité de se distancer de la violence, le spectateur est alors pris en otage par le récit, obligé de subir ces scènes.

 

Mais cette prise en otage ne s’inscrit-elle pas également dans un héritage de cinéma d’exploitation extrême ? Celui-ci n’a jamais eu vocation à être aimable ni consensuel. Sa raison d’être est justement de transgresser, de heurter, de choquer le spectateur. Dans un paysage où la plupart des productions calibrent leur violence pour rester digestes, il occupe une fonction rare et précieuse : celle d’imposer une expérience radicale, brute, qui n’offre ni échappatoire ni consolation. C’est une esthétique de la violence, qui la travaille et l’éprouve afin de voir quelle est la limite qu’il est possible d’atteindre. Chaque plan devient une épreuve sensorielle à laquelle chacun est libre de se confronter ou non. Et s’il est évidemment judicieux de toujours interroger et confronter ces images, en questionnant leur but, leur logique; il est également important de les laisser exister. Et c’est en se préparant et en s'éduquant sur ces contenus que l’on peut ensuite les comprendre et les analyser. Et si certains films s’inscrivent évidemment dans un cadre d’exploitation pour délivrer des messages nauséabonds (la “saga” des Files de Vivek Agnihotri en tête), d’autres ne sont que des exutoires extrêmes permettant de projeter sur grand écran les frustrations et les peurs d’un public baigné dans un cadre angoissant et écrasant. Et si l’accusation de complaisance est présentable, elle empêche de comprendre le véritable sens de ce cinéma. La confrontation à l’extrême n’est pas là pour flatter un voyeurisme, mais pour court-circuiter les mécanismes habituels de réception : impossible de rire, impossible de se rassurer par la distance, impossible de se protéger derrière le second degré. Le spectateur est acculé, obligé de réagir, de prendre position face à des images qui ne se prêtent pas à la neutralité. C’est en cela que ce cinéma est fondamental : il fabrique une zone d’inconfort où l’art se mesure à la capacité de déranger. En un sens, le film s’approche de la logique des catégorie 3 hongkongais : afin de choquer, il décide de flirter non seulement avec les limites graphiques, mais également avec les limites morales du spectateur.

Nic Cage passe récupérer sa moto à 18h

Mais est-ce que pour autant Marco est complètement innocent sur l’idée de la nocivité d’un film ? Si un long-métrage comme Animal se révélait d’une toxicité sans limites, à peine masquée par une réalisation vulgaire et une violence extrêmement superficielle, ne servant qu’à servir l’idée de toute-puissance du mâle sur lequel le film fantasmait, qu’en est-il ici ? En effectuant un résumé du film, plusieurs éléments ont volontairement été omis. Car derrière sa sauvagerie assumée, le résultat final est d’une bêtise rare, enchaînant des fautes de goûts ridicules, quand elles ne sont pas carrément grotesques. Entre le méchant qui se révèle bisexuel au dernier moment, élément réduit à une simple provocation racoleuse, et qui tente de séduire le héros avant de périr dans un piège improbable, les personnages qui fument pendant tout le film, transformant ce qui devrait être un symbole masculin cool (?) en running gag ridicule – le summum étant atteint juste après la fameuse scène de massacre - ou le thème musical du héros, balancé n’importe comment à des moments aléatoires. Marco a beau impressionner par sa violence, il fascine aussi par sa bêtise. Bien loin d’un Animal, très conscient de sa mission et de son message, Marco adopte un ton bien plus idiot, lâchant même un petit rot de satisfaction devant sa propre brutalité. Son héros a beau être viril, l’exagération et le ridicule de bon nombre de situations (conscient ou pas, l’écriture étant de loin la plus grande faiblesse du film, notamment portée par des dialogues absolument désastreux) le rendent parfois tellement grotesque qu’il devient extrêmement difficile de le prendre au sérieux. Et sa violence, malgré les polémiques autour, est peut-être également la clé de compréhension de la position du film. En poussant l’insoutenable aussi loin, Marco revendique son statut d’exploitation (statut politique par définition évidemment) et donc de film d’abord destiné à satisfaire un besoin coupable d’une partie du public. Lorsque l’on regarde Saw, on a conscience du statut très réactionnaire de certains opus (“il a fumé, il mérite de mourir”), mais on ferme volontiers les yeux afin de se concentrer sur la cruauté et la méchanceté des pièges; la mécanique est la même ici. La photo n’est pas très belle, tournant surtout autour de tons ternes et monochromes, la musique est utilisée de façon complètement idiote, c’est excessivement mal écrit… Mais la mise en scène est suffisamment efficace et inventive, mettant en scène un acteur ultra habité dans un récit prétexte à filmer des horreurs, pour captiver le spectateur avide de thriller ultra bourrin et sans limites.

 

Marco n’est pas un film intelligent, et il ne cherche jamais à l’être. Il n’y a pas ici de sous-texte, pas de réflexion cachée, pas de discours social ou philosophique à extraire d’entre les lignes. Tout ce que propose Haneef Adeni, c’est un déchaînement de violence qui ne cherche jamais à justifier son existence autrement que par le plaisir malsain de montrer des corps démembrés et des crânes pulvérisés. C’est idiot, parfois risible, régulièrement grotesque, mais c’est aussi d’une efficacité redoutable : chaque séquence est conçue pour mettre à l’épreuve le spectateur, pour voir jusqu’où il est prêt à supporter ce qu’on lui inflige. Dans ce sens, le film réussit exactement ce qu’il promet : un cinéma d’exploitation assumé, qui ne recule pas devant la cruauté et qui prend un malin plaisir à secouer son public. Éprouvant, bête, mais étrangement fascinant, Marco illustre à quel point un film peut être à la fois consternant et réussi, insupportable et jouissif. C’est un paradoxe, mais c’est précisément celui du cinéma d’exploitation lorsqu’il est mené jusqu’à ses extrêmes : la déraison totale comme moteur, et le spectateur comme victime consentante. Le film vend une boucherie, et ne prétend pas être autre chose qu’une boucherie.

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Critique par Corentin

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