top of page

Satanic Panic
Mes sorcières mal élevées

Les thèmes de la sorcellerie et de l’occulte offrent un large champ de possibilités lorsque l’on veut réaliser un film d’horreur: thriller, film gore, pur film d’horreur, comédie...

Satanic Panic appartient à cette dernière catégorie. Nous suivons l’histoire de Samantha Craft (interprétée par Hayley Griffith, que l’on retrouve dans la grande déception They/Them cette année), livreuse de pizza qui se retrouve un soir à devoir livrer une commande en dehors de son secteur dans l’espoir de toucher un pourboire. Mais elle va malheureusement se retrouver confrontée à une secte de sorcières qui ont pour objectif d’invoquer un démon par le biais d’une jeune fille vierge. L’histoire est donc très classique, et le film va tenter de tirer son épingle du jeu en jouant la carte de la comédie potache, mais cela fonctionne-t-il ?

Malheureusement, force est de constater que non. Et cela pour plusieurs raisons. En premier lieu, nous pouvons parler de l’ambiance générale du film. Il veut à tous prix garder un côté pop, coloré et festif, et cela pourrait lui donner une identité propre, si tout ne faisait pas mauvaise série télé par son aspect faux et grotesque, quand ce n’est pas simplement ridicule. Que ce soient les sorcières et leurs robes de cérémonie qui ressemblent plus à des robes de chambre, l’intérieur de leur résidence qui ressemble à une copie de Secret Story… Rien ne fonctionne vraiment, et cela donne au film un côté cheap et vraiment de mauvais goût par moment.

Hayley Griffith, notre héroïne

Suspiria ? Non pas du tout, notre fameux pyjama de cérémonie

Et en parlant de ça, le film enchaîne les fautes de goût vraiment grossières, pour ne pas dire carrément vulgaires par moment. Entre le personnage qui se fait sortir ses intestins par la bouche, la partouze géante à la fin ou le (merveilleux ?) gode ceinture foreuse géant (oui oui), on ne saisit vraiment pas ce que le film veut être au final. Une comédie gore ? Oui mais non car le film n’a que très peu de scènes vraiment trash. Une comédie familiale ? Encore moins. Une comédie slapstick ? Ça pourrait, si l’humour n’était pas aussi lourd, et encore une fois aussi vulgaire.

Mais même si nous mettons de côté les nombreuses fautes de goût du métrage, et son ambiance border nanar border catastrophe ; il est impossible de passer à côté de l’écriture.

Entre les personnages où, sorti de l’héroïne, aucun d’eux ne semble vraiment exister, ils ne sont que des fonctions servant à faire « avancer » un récit qui, comme dit précédemment, ne sait déjà pas ce qu’il veut vraiment être; les gags qui semblent parfois sortir de nul part, l’histoire globale qui tiendrait sur un timbre poste mais qui là tire en longueur en rajoutant des scènes parfois très artificielles… Et il faut ajouter à ça que malgré l’heure et demie du film, on peut avoir du mal à saisir les motivations réelles de certains personnages (mention spéciale à la 2ème sorcière en chef, qui semble vouloir s’émanciper, mais pas vraiment, mais en fait si ?). L’écriture est, selon moi, de loin le plus gros défaut du film.

Les deux méchantes sorcières, effrayantes n'est-ce pas ?

La convention de sorcières finale

Et enfin, sur la partie plus technique, on peut admettre que c’est correct. Dès l’intro et son (court) plan-séquence en POV, on peut se dire que le film va nous tenir en haleine ; mais au final non.

La réalisation est fonctionnelle, voir d’une triste banalité par moment (la partouze géante de fin par exemple. Nous aurions pu espérer un peu de folie ou d’envie de faire du bizarre à minima, mais non, la caméra se contente de flotter en appliquant un vague effet de flou avec des coupes de montage plus ou moins régulières). Et passons rapidement sur les acteurs, Hayley Griffith ne s’en sort pas si mal (si on passe outre son écriture calamiteuse évidemment), et Rebecca Romjin (Mystique dans les X-Men originaux) n’est pas si mal en grande méchante sorcière.

Alors au final, on se retrouve avec un film qu’on ne peut pas qualifier de « bon ». Ne sachant pas ce qu’il veut être concrètement, le film se retrouve à cheval entre plusieurs genres, tous se voulant comique, mais aucun ne fonctionnant vraiment. Un film bancal donc, mais dans lequel je n’ai pu m’empêcher de voir une véritable honnêteté dans la proposition. Un film très imparfait, mais fait avec le cœur. Et je suis forcé d’admettre qu’en 3ème partie de soirée, j’ai passé un moment plutôt agréable devant. Malgré tous ses immenses défauts, j’ai rigolé à plusieurs moments (parfois un peu en me moquant) du film, et l’heure et demie est passée plutôt vite.

Alors je ne peux décemment pas vous recommander Satanic Panic, mais si vous voulez voir un film qui n’est, certes, vraiment pas bon mais qui est fait avec le cœur et qui sait sortir 1-2 moments assez rigolos, sans vous traumatiser avec trop de gore ou de violence, et si vous êtes prêts à fermer les yeux sur des idées de mauvais goût, vous pouvez tenter l’expérience !

​

Critique par Corentin @co.dn39

bottom of page